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    Sorti ce mardi en salles, le film de Terrence Mallick n'a pas suscité autant d'emphase que l'attente précédent sa présentation sur grand écran.

    N'étant pas fine connaisseuse de l'oeuvre du réalisateur texan, j'ai contrairement à une partie des cinéphiles totalement adhéré émotionnellement et intellectuellement à la plongée dans l'univers de la vie.

    Pourquoi je vis?

     Car c'est bien de la vie que nous parle l'histoire de cette famille middle-class américaine. Le spectateur se trouve en effet immergé dès les premières minutes dans un drame familial. Une mère de famille apprend que son fils cadet vient de décéder à 19 ans ce qui la  bouleverse elle et son entourage.  Ainsi, le film se base sur l'ensemble des réminescences (provoquées par la mort de son frère) du fils aîné sur son enfance entre un père autoritaire et une mère douce voire laxiste, souvenirs qui constituent le fil conducteur du film. Le réalisateur ne retrace pas de manière classique voire insipide les étapes du deuil et le passé familial mais replace d'emblée le décès du jeune homme dans le cadre d'une réfléxion métaphorique et métaphysique sur le cycle de la vie.  Le souvenir de l'homme sur son passé est effectivement accompagné des interrogations intérieures de chaque personnage sur le sens de son existence. Rien n'est négligé. L'innocence de l'enfance, la finitude de l'homme et des êtres vivants, le doute du croyant (l'invisibilité de Dieu), l'injustice naturelle (pourquoi les hommes bons sont-ils victimes d'évènements mauvais?). Cette dernière interrogation fait d'ailleurs écho à une phrase du célèbre docteur House, docteur de la fiction américaine éponyme "les hommes n'ont pas ce qu'ils méritent, ils ont juste ce qu'ils ont". Bref, l'homme dans toute sa détresse et son incertitude.

    Dame Nature et Nous

    Mais Malick aurait pu s'en tenir au simple portrait de la mémoire d'un frère meurtri or pour parachever son récit il place la famille au centre de l'univers et nous entraîne dans un ballet cosmique où se mêle la génèse du monde, la constitution du système solaire et j'en passe.

    Certains pensent que l'assemblage entre l'intrigue familiale et la volonté de montrer l'exhaustivité temporelle (de la création à l'époque contemporaine) et spatiale (de l'infiniment peit à l'infiniment grand) du monde (Terre et Univers), le tout dans un but symbolique et métaphysique, était trop ambitieux. Bien que certaines scènes peuvent paraîtres stéréotypées voire pathétiques, comme celle du paradis où tous les membres de la famille se retrouvent, il n'empêche que le réalisateur témoigne d'une extraordinaire maîtrise de la caméra. Le spectateur est embarqué dans une aventure sensorielle et sensationnelle où la place au dialogue est circonscrite - c'est d'ailleurs ce manque de vitalité dans la communication qui pourrait pour certains faire défaut au film. Cependant, les images parlent d'elles mêmes. Malick nous rappelle inlassablement la proximité de la nature et de l'homme, toute la matière est observée et décrite visuellement de manière attentive. Du bruissement des feuilles au battement de coeur d'une méduse, chaque détail est étudié. La banalité apparente de la vie est magnifiée sur fond de Requiem mozartien mais pas seulement...

    On peut reprocher à Terrence Malick de tomber dans le lieu commun, dans le cliché. Néammoins, la parfaite plastique du film, la beauté estéthique de son oeuvre, nous laisse béats et vaut à elle-même le déplacement...

     

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  • "L'Etat m'offrait d'emblée ma place dans le monde"

    Annie Ernaux


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     La mise à mort de Ben Laden a suscité une emphase généralisée et mondiale, particulièrement dans le pays qui s'est fait le porte-flambeau de la lutte contre le terrorisme; les Etats-Unis.

     Même s'il est vrai que cette nouvelle peut nous réjouir dans la mesure où l'un des hommes les plus dangereux de la planète a disparu, une pointe de doute, de malaise reste ancré dans nos consciences...

    Car comment en est on arrivé à "fêter l'assassinat de Ben Laden" -pour reprendre les mots de Cécile Duflot, secrétaire générale d'Europe-Ecologie?  Si parler d'assassinat peut paraître excessif, il faut garder en mémoire que ce genre de situation, ces chasses à l'homme ne sont pas moralement acceptables. Cependant, dans le monde d'aujourd'hui elles s'imposent pour maintenir un semblant de paix. Et là se trouve le problème.

    On observe une croissance des inégalités intranationales et internationales. De fait, la haine de l'autre, de l'Occident dans le cas de l'islamisme radical, se propage à une vitesse inquiétante. Les évènements au Maroc de ces derniers jours confirment le "ras de bol" des peuples face à une minorité aristocratique, méprisante et despotique. Mais pas seulement. Tout le monde s'accorde pour dire que la montée des extrémismes de droite est dû en partie à la crise économique et sociale qui touche la planète depuis 2008. En France, un rapport de l'INSEE a montré que le salaire des 0.01% les plus riches avait augmenté de 32.7% tandis que celui des moins dotés en capital économique avait stagné. Drôle de monde.

    On comprend comment la misère nourrit la haine et la peur de l'autre, de l'étranger qui cristallise toutes les passions et devient - systématiquement- le bouc-émissaire. Et finalement, une question fondamentale, inextricable se pose: A qui la faute? Réellement? Car de nombreuses études montrent bien que l'étranger responsable de tous les maux n'est qu'une fiction.

    Il serait peut être temps de vraiment y réfléchir et de remettre sérieusement en cause notre modèle de vie en société: celui de la croissance économique, de l'opulence d'une minorité aux dépens d'une majorité de pauvres car sinon, on pourra arrêter, tuer, tous les Ben Laden du monde, leurs avatars haineux réapparaîtront et ne cesseront de gangréner le monde de leurs imprécations hargneuses.


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  • "L'athéisme dresse contre Dieu un procès-verbal de carence."

    Victor Hugo 


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  • ActualitéUn manège visuel, démentiel, hallucinant et hallucinatoire au sein du New York City Ballet. Voilà comment on pourrait caractériser le nouveau bijou de Darren Aronofsky.

    Dressons le tableau:

    Jeune femme d'une vingtaine d'années, Nina est une danseuse perfectionniste qui s'acharne au travail depuis son plus jeune âge. Soutenue _ ou plutôt encadrée _ par sa mère, ancienne danseuse étoile à la carrière avortée, elle répète ses mouvements inlassablement. Elle n'attend plus que la consécration qui viendrait couronner son parcours d'étudiante modèle. Ce jour arrive quand l'un des plus grands chorégraphes français, Thomas (incarné par Vincent Cassel), l'a nomme pour incarner Odette et Odile dans une réinterprétation du célébrissime ballet de Tchaïkovsky "Le Lac des Cygnes". Seulement il y a un "hic". Bien que parfaite pour jouer Odette, le cygne blanc, Nina est une jeune fille trop timide, trop mécanique dans sa manière de danser pour jouer Odile, le cygne noir maléfique, "the black swan". Thomas veut en effet mettre en scène une version moderne du ballet dans laquelle Odile serait beaucoup plus sensuelle et lascive. Des traits de caractères incompatibles avec l'univers encore enfantin (Nina vit chez sa mère, enfermée dans une chambre aux murs couleur rose bonbon de petite fille) de la jeune danseuse. Pour "attiser le feu" qui est en elle, Thomas va la pousser dans ses retranchements en l'incitant notamment à réveiller sa conscience sexuelle. S'ensuit un jeu pervers dans lequel Nina va sombrer. Celle-ci sera progressivement victime d'hallucinations visuelles  (elle se verra sous les traits de son double machiavélique par exemple) et sonores. Ce naufrage vers la schizophrénie et la paranoïa sera tel que le jour de la représentation, Nina réussi paradoxalement un coup de maître en jouant à la perfection ses deux rôles. Mais cette perfection lui coûte la vie...

     

    Du pur Aronofsky. On se souvient de Requiem for a dream, film psychotique et morbide - tout autant que Black Swan -  érigée en une véritable dénonciation de la drogue, de l'industrie de la télévision et de leurs conséquences tragiques. Bref, une dénonciation de notre société vendeuse de rêves et d'illusion. Dans Black Swan c'est moins l'illusion qui est fatale que l'incessante et finalement impossible recherche de la perfection. Car Nina finit par être victime de sa course à l'excellence en se tuant avec un morceau de miroir brisé lors d'une énième crise de folie pendant l'entracte. D'emblée, Aronofsky soulève plusieurs problèmes. Le premier serait plutôt d'ordre philosophique: la perfection est-elle souhaitable? Est-elle souhaitable et même est-ce possible de l'atteindre? A quel prix? D'autres questionnements, plus prosaïques, font jour à la lumière de ce film. En effet, le passage (tardif) de l'adolescence est vécu par Nina de manière brutale. On se demande même lâge adulte n'est pas plus un état d'esprit qu'une transformation physique...

     

     


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