• Black Swan

    ActualitéUn manège visuel, démentiel, hallucinant et hallucinatoire au sein du New York City Ballet. Voilà comment on pourrait caractériser le nouveau bijou de Darren Aronofsky.

    Dressons le tableau:

    Jeune femme d'une vingtaine d'années, Nina est une danseuse perfectionniste qui s'acharne au travail depuis son plus jeune âge. Soutenue _ ou plutôt encadrée _ par sa mère, ancienne danseuse étoile à la carrière avortée, elle répète ses mouvements inlassablement. Elle n'attend plus que la consécration qui viendrait couronner son parcours d'étudiante modèle. Ce jour arrive quand l'un des plus grands chorégraphes français, Thomas (incarné par Vincent Cassel), l'a nomme pour incarner Odette et Odile dans une réinterprétation du célébrissime ballet de Tchaïkovsky "Le Lac des Cygnes". Seulement il y a un "hic". Bien que parfaite pour jouer Odette, le cygne blanc, Nina est une jeune fille trop timide, trop mécanique dans sa manière de danser pour jouer Odile, le cygne noir maléfique, "the black swan". Thomas veut en effet mettre en scène une version moderne du ballet dans laquelle Odile serait beaucoup plus sensuelle et lascive. Des traits de caractères incompatibles avec l'univers encore enfantin (Nina vit chez sa mère, enfermée dans une chambre aux murs couleur rose bonbon de petite fille) de la jeune danseuse. Pour "attiser le feu" qui est en elle, Thomas va la pousser dans ses retranchements en l'incitant notamment à réveiller sa conscience sexuelle. S'ensuit un jeu pervers dans lequel Nina va sombrer. Celle-ci sera progressivement victime d'hallucinations visuelles  (elle se verra sous les traits de son double machiavélique par exemple) et sonores. Ce naufrage vers la schizophrénie et la paranoïa sera tel que le jour de la représentation, Nina réussi paradoxalement un coup de maître en jouant à la perfection ses deux rôles. Mais cette perfection lui coûte la vie...

     

    Du pur Aronofsky. On se souvient de Requiem for a dream, film psychotique et morbide - tout autant que Black Swan -  érigée en une véritable dénonciation de la drogue, de l'industrie de la télévision et de leurs conséquences tragiques. Bref, une dénonciation de notre société vendeuse de rêves et d'illusion. Dans Black Swan c'est moins l'illusion qui est fatale que l'incessante et finalement impossible recherche de la perfection. Car Nina finit par être victime de sa course à l'excellence en se tuant avec un morceau de miroir brisé lors d'une énième crise de folie pendant l'entracte. D'emblée, Aronofsky soulève plusieurs problèmes. Le premier serait plutôt d'ordre philosophique: la perfection est-elle souhaitable? Est-elle souhaitable et même est-ce possible de l'atteindre? A quel prix? D'autres questionnements, plus prosaïques, font jour à la lumière de ce film. En effet, le passage (tardif) de l'adolescence est vécu par Nina de manière brutale. On se demande même lâge adulte n'est pas plus un état d'esprit qu'une transformation physique...

     

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :