• The eternal sunshine of the spotless mind

    Un titre plein de promesses, promesses d'amour, de romantisme pour le film de Michel Gondry, réalisateur français, sorti en salles en 2005. Ce titre qui reprend un vers d'Alexander Pope est écrit tout en subtilité "le soleil éternel de l'esprit immaculé". Comme si à travers l'oubli apparent, le souvenir d'une passion passée ne ouvait pas s'effacer. L'amour éprouvé pour l'autre un jour ne peut cesser de chatoyer tel "the Eternal Sunshine"...

    Résumé (qui se veut quasi-exhaustif donc révélateur de moments clés :) ) du film:

    Clémentine et Joel s'aiment. Les jours passent puis la routine et la lassitude s'installent. Un beau jour, l'agacement mutuel, les ressentiments ont raison de leur amour. Sur un coup de tête, Clémentine décide d'effacer - grâce à au nouveau procédé innovant d'un certain docteur Howard - tout souvenir de son histoire avec Joel. Ce dernier l'apprend par hasard et, en colère, fait de même. L'essentiel de l'intrigue repose donc sur le processus par lequel Joel oublie chaque moment, chaque instant passé en présence de Clémentine. Cependant, au fur et à mesure qu'il remonte le cours de ses souvenirs, effacés l'un après l'autre, il réalise que l'amour éprouvé pour sa "tangerine" (surnom donné à Clémentine pour sa tendance à s'habiller en orange) est intact. Il prend conscience de la richesse de sa relation avec la jeune femme et décide de tout arrêter. Or étant endormi et engagé irrémédiablement dans le processus, il ne peut rien faire sauf essayer de "cacher" Clémentine dans un souvenir qu'elle n'a pas connu. Finalement, le dénouement est peu surprenant. Après avoir tous les deux effacés leur ancienne relation de leurs mémoires respectives, Joel et Clementine se retrouvent par hasard à Montauk, une banlieue de New-York, et retombent sous le charme l'un de l'autre. Mais un dernier obstacle surgit lors de leurs retrouvailles: une jeune secrétaire du docteur Howard (ayant elle-même fait appel aux soins de ce docteur car elle entretenait une relation avec lui) envoie à tous les anciens patients la cassette qu'ils avaient enregistré avant "l'opération". Cassette dans laquelle ils expliquent les motivations qui les ont poussé à effacer de leurs mémoires des moments importants de leur vie. Ainsi, par un concours de circonstances, Joel entend ce que Clémentine a dit sur lui et inversement. Les deux avaient évidemment proféré des paroles blessantes. Cependant, grâce à l'écoute des enregistrements chacun prend conscience qu'il est capable de surmonter les défauts de l'autre. Le film se clôture sur une scène dans laquelle les deux anciens (et futurs) amants se regardent dans les yeux et rigolent... L'histoire semble bien recommencer...

    Pourquoi The eternal sunshine of the spotless mind concentre-t'il une multitude d'intérêts qui vaillent qu'on le regarde?

    L'originalité du scénario:

    Un homme et une femme qui retombent amoureux une deuxième fois et ce après avoir chacun de leur côté effacer de leurs mémoires leur union passée; il fallait penser à un tel scénario! C. Kaufmann le scénariste et Michel Gondry, le réalisateur, l'ont fait. A notre plus grand plaisir! Effectivement, c'est réellement la marginalité touchante et même dramatique de cette romance qui émeut le spectateur, le bouleverse. Touchante car on s'identifie facilement aux deux personnages, tiraillés entre la haine et l'amour - c'est finalement le deuxième sentiment qui l'emporte. Dramatique car le film ne laisse rien présager de bon sinon l'oubli total d'une passion éraflée par les trivialités de la vie quotidienne ( l'un des membres du couple qui rentre tard, en l'occurrence Clémentine; les malentendus sur le comportement de l'autre; les désaccords sur l'évolution du couple etc... ). Mais cette romance reste par dessus tout impromptue car elle assemble deux êtres à priori totalement opposés...

    La rencontre de deux personnalités étrangères l'une de l'autre:

    Clémentine est le type même de la jeune femme lunaire, excentrique  et qui n'a pas peur du regard des autres mais qui a plutôt peur du malheur. Sa constante joie de vivre n'est qu'un masque qui cache des aspirations plus profondes comme le fait de fonder une famille. Un souhait qui contraste d'ailleurs de manière frappante avec son apparence presque imaginaire, "cartoonish" - tirée d'un dessin animé -  (Michel Gondry la caractérise très justement de cette manière): cheveux teints d'une couleur différente chaque jour; vêtements colorés, bariolés et fluorescents. D'ailleurs Joel s'empresse de lui faire remarquer l'impossibilité pour elle d'être mère. Remarque qui va montrer l'une des premières failles au sein du couple.

    En face, il y a Joel, homme reclus sur lui-même, peu bavard mais qui attendait la femme de sa vie. Celle qui viendrait dynamiser son cocon inerte. Il dit d'ailleurs à Clémentine "You saved my life!" Cette déclaration d'amour, qui dite une deuxième fois, lui fait prendre conscience de l'importance de Clémentine dans sa vie.

    A noter que le jeu des acteurs, remarquablement convaincant, est renforcé par l'incompatibilité entre le caractère des acteurs et les personnages qu'ils représentent. En effet, Kate Winslet qui joue Clémentine était plutôt connue dans des rôles sérieux, à la Joel (Titanic) au contraire de Jim Carrey qui lui est réputé pour ses rôles de comiques loufoques.

    Un film onirique:

     La part de fantastique du film et les effets spéciaux - comme par exemple la scène impressionnante où Joel et Clémentine se baignent dans un évier -  rendent le film réellement esthétique et agréable à regarder. The eternal sunshine of the spotless mind se contemple alors comme une oeuvre d'art dont la créativité nous laisse rêveur et satisfait, satisfait de ne pas avoir perdu son temps.

    Une réflexion philosophique: Oublier est-il dangereux?:

    Le sursaut de lucidité de Joel qui se rend compte de la grave erreur qu'il s'apprête à commettre montre l'importance des souvenirs dans notre vie car comme le dit un des acteurs qu'"ils soient bons ou mauvais, ils nous forment". Effectivement, tous les moments que l'on vit sont une partie de notre être, ils construisent notre identité. Sans eux, nous serions perdus dans le monde et n'aurions aucune raison de vivre car rien qui nous rattache à l'Humanité ( un réseau social, un travail, des centres d'intérêts etc...).

    Finalement le propre de l'homme n'est-il pas "d'être une histoire" (cf Lucien Maslon)? Autrement dit un être en perpétuelle évolution, ayant vécu des moments désormais passés mais qui ont bel et bien existés...?

     

     

     

     

     

     

     

     


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